Agence Française de Développement (AFD)

La présence historique de l’AFD au Tchad, depuis plus de soixante ans, s’inscrit dans une longue histoire de coopération entre la France et le Tchad. Depuis 2016, l’activité de l’Agence s’inscrit en forte progression : le portefeuille de l’AFD fin 2019 compte ainsi 28 projets actifs pour un montant total de 186 M€, dont 90 M€ ont été décaissés fin 2019.

Cette hausse d’activité s’explique notamment par la capacité de l’Agence à mobiliser des fonds en délégation de l’Union européenne et par les nouveaux outils déployés en réponse au contexte d’amplification des crises au niveau régional.

Conçus au bénéfice de l’ensemble de la population tchadienne et de toutes les régions, les projets du Groupe AFD sont mis en œuvre dans le respect des principes d’appropriation, d’efficacité et d’harmonisation de l’aide, et selon une démarche de responsabilité sociale et environnementale exigeante.

Les autorisations d’engagements de l’AFD au Tchad ont repris leur croissance en 2011 après un arrêt consécutif aux années de rébellion.

Activité et enjeux de l’intervention de l’AFD au Tchad

Les financements de l’AFD sont concentrés sur cinq secteurs prioritaires

L’accès aux services essentiels en milieu urbain
Les interventions de l’AFD, d’un montant total de 52 M€, dont 18 M€ de fonds européens délégués à l’AFD, s’articulent autour du renforcement de l’accès à l’eau et à l’assainissement, de la lutte contre les inondations et du développement des équipements urbains. Ces financements positionnent la France comme le partenaire de référence de la capitale N’Djamena.

Le développement rural
L’AFD appuie au Tchad l’élevage transhumant sur le long terme, une activité économique majeure dans le pays (dont le cheptel, un des plus importants d’Afrique, est estimé à plus de 100 millions de têtes). Outre la création de revenus, les interventions sont destinées à améliorer l’usage de pâturages et de points d’eau dans le but d’une meilleure durabilité environnementale et d’une prévention des conflits entre éleveurs et populations/agriculteurs sédentaires. À cet appui historique s’ajoute désormais des projets d’aménagement hydro-agricoles comme ceux du Bahr Linia (proche de N’Djaména), dédiés prioritairement aux populations vulnérables (femmes, jeunes). L’AFD totalise un engagement financier de 23,4 M€ dans le secteur. Ces projets sont désormais menés dans le cadre de l’Alliance Sahel et témoignent d’un partenariat fort avec la coopération suisse, l’Union européenne et la coopération technique allemande.

La santé maternelle et infantile et la santé de la reproduction (SMI/SR)
L’AFD concentre ses ressources sur ce secteur correspondant aux engagements de la France pris au Sommet du G8 de juin 2010 à Muskoka et rappelés par le Président Emmanuel Macron à Lyon en octobre 2019. Les projets visant le renforcement des capacités des services sanitaires nationaux sont mis en œuvre par le Ministère de la santé publique. D’autres projets ciblant les populations nécessiteuses du Centre, du Sud et de l’Est sont mis en œuvre avec l’aide de consortiums d’ONG.

L’amélioration du système éducatif primaire et le renforcement du dispositif de formation professionnelle
L’action de l’AFD en faveur de la jeunesse tchadienne vise des interventions innovantes. Dans le secteur de l’éducation, l’AFD soutient par exemple l’utilisation des langues locales comme tremplin d’apprentissage ainsi que plusieurs projets qui concernent plus directement les écoles pour améliorer la qualité de l’éducation de base.

La promotion de l’entreprenariat et le développement de cursus de formation professionnelle
Conçus en partenariat avec les opérateurs économiques (et avec des établissements de formation), cette promotion visent à garantir une meilleure insertion socioprofessionnelle des jeunes, y compris ceux en situation de vulnérabilité. Une part importante est faite à l’entrepreneuriat féminin et aux jeunes, avec des accompagnements spécifiques.

La situation macroéconomique a également conduit la France à octroyer au Tchad des aides budgétaires :

  • En 2016, une aide budgétaire de 10 M€ a été octroyée en deux tranches (5 M€ en 2016 et 5 M€ en 2017) et affectée pour moitié au secteur de la santé (dotation des hôpitaux, remboursement partiel des arriérés de la centrale d’achat des médicaments, achats d’antirétroviraux) et pour moitié au paiement des pensions de retraite ;
  • En 2017, l’aide budgétaire de la France (50 M€) a été affectée au secteur de la santé (soutien au fonctionnement d’hôpitaux, au programme national de lutte contre le Sida, au centre national de transfusion sanguine) et au paiement des soldes des fonctionnaires civils et des pensions de retraite ;
  • En 2018, 50 M€ ont également été accordés au Tchad au titre de l’aide budgétaire française, pour des utilisations semblables à celles de l’année précédente.
  • En 2019, l’aide de la France a apporté 30 M€ au budget tchadien pour un soutien au secteur de la santé (appui aux hôpitaux et aux programmes nationaux de santé) et à la relance économique (remboursement partiel des arriérés de la dette intérieure).

En outre, le groupe AFD apporte un appui multiforme au secteur privé tchadien : soutien aux initiatives des PE/TPE (Maison de la Petite Entreprise), garanties pour faciliter l’accord de prêts bancaires à destination des PME locales, financements privés de la filiale PROPARCO de l’AFD.

Par ailleurs, grâce à son dispositif DPO/OSC, l’AFD accompagne les interventions des ONG françaises au Tchad dans des secteurs très variés : sécurité alimentaire, éducation, eau et assainissement notamment. Fin 2019, 25 projets étaient en cours d’exécution dont 3 se déroulaient exclusivement au Tchad (les autres étant des volets tchadiens de projets multi-pays).

Perspectives et stratégie d’intervention à court-moyen terme

Les perspectives macroéconomiques du Tchad, quoique s’appréciant légèrement, ne laissent pas présager, à court terme, d’interventions de l’AFD autrement qu’à l’aide de subventions.

Par ailleurs, le contexte de fragilité (plusieurs zones du pays sont éligibles à l’initiative MINKA) et l’Alliance Sahel, amènent l’AFD à utiliser de nouveaux modes opératoires : délégations à des tiers identifiés, obtention de délégations de ressources dont les fonds de l’Union européenne et d’autres partenaires pour la mise en œuvre et la démultiplication des actions, soutiens budgétaires ciblés, approche programme avec un focus sur la redevabilité basée sur la visibilité des résultats.

Dans ce cadre, plusieurs concours sur les secteurs d’intervention sont en cours d’instruction ou de lancement :

  • Finances publiques avec une expertise en appui à la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique (0,25 M€) et un Projet d’appui à la gestion intégrée des finances publiques (PAGIF, 5 M€) pour la mise à niveau du système d’information du Ministère des Finances.
  • Développement agricole avec
    i) la phase 2 du Projet d’aménagement hydroagricole du Bahr Linia (18 M€), qui visera la remise en eau du second tronçon d’un ancien bras mort du fleuve Chari sur environ 40 km afin d’appuyer la mise en valeur d’une superficie irrigable d’environ 2000 ha ;
    ii) le Projet d’aménagement de deux polders en maîtrise totale de l’eau (10 M€) qui cible, dans la région du lac Tchad, la mise en valeur de près de 1000 ha de terres agricoles destinées à la production vivrière et maraichère ;
    iii) la construction de seuils d’épandage dans l’est du Tchad (10 M€) en cofinancement avec la coopération suisse et mis en œuvre par la GIZ ;
    iv) un projet d’appui à l’opérationnalisation de la filière semencière (5 M€ en subvention dont 3 M€ délégués par l’Union européenne à l’AFD).
  • Santé maternelle et infantile et la santé de la reproduction (SMI/SR). Trois projets pour un total de 14 M€ qui se déploieront en régions et contribueront à l’autonomisation des femmes par l’amélioration de l’accès aux soins et la lutte contre la violence basée sur le genre.
  • Éducation : soutien à la 3ème phase du Programme pour la Promotion de la Qualité de l’Éducation de base au Tchad (ProQEB, subvention de 10 M€) en cofinancement avec la Coopération suisse.
  • Résilience/fragilités avec
    i) un projet de développement de services de base (éducation, santé, nutrition) dans la région du Lac (subvention de 10 M€) qui sera mis en œuvre dès fin 2019 par des ONG sélectionnées après appel à projets ;
    ii) une contribution de 6,5M€ au financement du projet de développement intégré des zones d’accueil des populations déplacées (DIZA), en partenariat avec l’Union européenne ;
    iii) le projet COM-NORD pour le développement local et l’accès aux services essentiels dans les communes des régions du BET (Borkou, Ennedi et Tibesti), soutenu à l’aide d’une subvention de 10 M€, en cofinancement avec l’Union européenne (10 M€) et le ministère allemand de la coopération (2,5 M€).
  • Secteur Privé et formation professionnelle avec la 2ème phase du projet d’appui à Petite Entreprise (10 M€) pour le soutien aux entrepreneurs et le développement des services de la Maison de la Petite Entreprise, incubateur dont la création a été soutenue par l’AFD. Cette seconde phase permettra également le déploiement du projet dans les principales villes du pays, toujours dans une logique de développement territorial et de résilience économique des populations.
  • Secteur de l’eau avec un projet (15 M€) en cofinancement avec la coopération néerlandaise (30 M€) et une délégation à recevoir de l’UE (15 M€) pour améliorer l’approvisionnement en eau de N’Djamena.

L’Initiative Minka Lac Tchad en faveur des populations du lac Tchad

Lancée en mai 2016 lors du sommet d’Abuja consacré à la sécurité et au développement dans la zone du Lac Tchad, l’Initiative Minka Lac Tchad, portée par l’AFD, constitue une des réponses de la France pour lutter contre les vulnérabilités dans les zones affectées par la crise Boko Haram.

Au Tchad, en complément du projet d’aménagement de deux polders (10 M€) dans la Région du Lac dont l’octroi est prévu en 2020, un projet d’appui au développement des services sociaux (éducation, santé et nutrition) dans la région du Lac (Bol et environs) sera octroyé fin 2019 (10 M€) pour un démarrage début 2020.

Le projet RESILAC (redressement économique et social inclusif du lac Tchad), dont le financement est assuré par une subvention de l’AFD d’un montant de 5 M€ et par une délégation du Fonds fiduciaire d’urgence (FFU) de l’Union européenne de 31,1 M€ est emblématique de la démarche. Mis en œuvre par un consortium d’ONG françaises (Action contre la faim, CARE et Groupe URD), ce projet a démarré dans les quatre pays riverains du lac Tchad (Niger, Nigéria, Tchad, Cameroun). Au Tchad, après le temps nécessaire à la concertation locale pour la détermination des actions, des travaux HIMO d’aménagement agricole sont lancés dans plusieurs localités de la région du Lac et mobilisent plusieurs centaines de personnes issues des communautés déplacées et des populations hôtes. Les premiers résultats sont visibles et l’approche permettant de retisser des liens sociaux est plébiscitée. La récente dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Lac complique toutefois la mise en œuvre de ce projet dans plusieurs localités.

Dernière modification : 27/11/2020

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